[Enquête exclusive] Les défis Facebook financés par le lobby de la restauration

Publié le 16 Juin 2014

(Image Koreus.com)

(Image Koreus.com)

C’est au terme d’une étude de longue haleine d’environ 23 minutes que nos correspondants de terrain et nos experts en réseaux sociaux ont enfin pu établir l’origine de la vague de défis qui se propage de façon virale d’amis en amis sur Facebook.

Rappelons les faits, depuis plusieurs semaines, le célèbre réseau social est le théâtre d’une nouvelle mode consistant, après avoir été nominé par un contact, à poster une vidéo de soi en train de plonger dans une eau de préférence glacée, stagnante, infestée de parasites ou les trois, puis à désigner à son tour trois contacts en leur offrant l’alternative : défi relevé ou restaurant payé.

Une version édulcorée circule en parallèle et propose cette fois de poster une photo de soi enfant, en vue d’une humiliation publique dans les règles de l’art.

 

Comme le rappelle notre expert, un tel phénomène sur la toile n’est pas une première, et certainement pas dû au hasard. Les plus âgés d’entre nous se souviendront de faits similaires dans les années 2009-2010, consistant à remplacer son avatar pendant une semaine par la photo d’une célébrité ressemblante (Doppelgänger week) ou, déjà en ces temps reculés, par une image de soi enfant.

« A l’époque, la seule alternative pour celui qui refusait de suivre la mode était de ne pas suivre la mode. Il n’y avait pas de nomination, pas de désignation, la seule menace était le sentiment d’auto-exclusion. Chacun faisait la démarche d’être un mouton en son âme et conscience. »

Aujourd’hui les méthodes de marketing viral ont heureusement progressé. Elles combinent astucieusement le principe de confession collective (du jeu "Action ou Vérité") et les enseignements des pionniers de l’escroquerie par Internet avec les chaînes de courriels.

Les analystes savent, par des études en dynamique des propagations, qu’une chaîne-courriel se base sur la crédulité des internautes et qu’elle se perpétuera tant qu’il existera des liens (envois de messages) entre personnes de crédulités comparables ou croissantes. Si une chaîne réclame un service donné (comme l’envoi d’argent réel à un tiers) sa courbe de croissance subit le même effet que par l’application d’une taxe, et doit donc, pour se perpétuer, s’adresser à un public encore plus crédule.

« C’est la limite du système d’escroquerie par chaînes. C’est aujourd’hui un outil dépassé. » commente un spécialiste en la matière.

 

Chercher à qui profite le crime

 

Désormais, ceux qui relèvent ces nouveaux défis Facebook avec succès donnent une image fun et décomplexée au défi en question, tout en le propageant vers trois contacts supplémentaires.

« On parle de vecteurs de contagion. » précise notre expert. « Le challenge imposé à l’internaute par sa propre communauté doit être un minimum désagréable ou potentiellement gênant pour qu’une certaine proportion de nominés soient amenés à se dégonfler. Ce sont justement ceux qui se dégonflent qui passent à la caisse, littéralement, et se font bien tondre comme des ovins. »

En effet, un système viral qui ne reposerait que sur l’amusement collectif, à l’instar des "flash mobs", ne présenterait aucun intérêt dans une société de consommation comme la nôtre. Il fallait donc trouver un moyen de ponctionner de l’argent aux participants sans pour autant essouffler la chaîne.

En offrant le choix aux poules mouillées de payer le restaurant s’ils refusent de s’exécuter, la chaîne remplit pleinement son rôle économique tout en laissant la nécessaire illusion de libre-arbitre au participant.

Interrogé sur ce sujet, un restaurateur aurait concédé :

« Les Français font peut-être plus attention à leurs dépenses à cause de la crise… C’est sûr que le secteur pourrait se porter mieux. Toutes les initiatives pour relancer la consommation sont les bienvenues. »

 

« Ces défis créent une occasion de se retrouver entre amis, dans la vraie vie, autour d’une bonne table. Pour une fois qu’une initiative sur un réseau social, une initiative spontanée et pas du tout préméditée, en plus, permet aux gens de sortir le nez de leur écran, vous n’allez pas commencer à nous péter les burnes avec vos théories complotistes. Hier on accusait la Saint-Valentin, aujourd’hui les défis Facebook, demain ce sera quoi ? » déclare quant à lui un conseiller anonyme au Ministère de l’économie, du redressement productif et du numérique.

 

Dans un prochain reportage, nous montrerons la variété et la gravité des désastres qui se sont abattus sur les nominés ayant refusé de jouer le jeu des défis Facebook.

Par mesure de sécurité, nous vous conseillons de relayer cet article en le recommandant à au moins trois de vos contacts. Les conséquences en cas de non-respect de votre part pourraient être particulièrement indéterminables.

Rédigé par Aj.

Publié dans #Société & économie, #Culture

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